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L’enseigne française Printemps s’implante à New York de manière spectaculaire grâce à une métamorphose signée Laura Gonzalez. La designer parisienne a totalement redessiné deux étages de l’iconique gratte-ciel One Wall Street, combinant ambition commerciale et audace architecturale dans un projet qui célèbre l’histoire de la marque, tout en s’adaptant à l’énergie unique de Manhattan.
Une adresse mythique revisitée
Le mythique immeuble One Wall Street, construit en 1931 par l’architecte Ralph Walker, devient le théâtre du premier grand magasin Printemps aux États-Unis. Occupant les deux niveaux inférieurs de la tour, l’espace est accessible directement depuis la légendaire Red Room, un ancien hall bancaire orné de mosaïques rouges et dorées créées par l’artiste Art déco Hildreth Meière. La réhabilitation du bâtiment, initiée par le promoteur Harry Macklowe et achevée en 2023, a transformé le site en complexe résidentiel haut de gamme avec 566 appartements, une épicerie Whole Foods et désormais, le nouveau temple du luxe français.
Avec ses 5 109 mètres carrés de superficie, le Printemps new-yorkais propose une expérience immersive mêlant commerce, gastronomie et culture. L’expansion américaine entend redéfinir l’expérience du retail tout en conservant l’élégance intemporelle de la maison mère du boulevard Haussmann.
L’élégance haussmannienne au cœur de Manhattan
Pour son premier projet d’envergure aux États-Unis, Laura Gonzalez a puisé son inspiration dans l’essence d’un appartement parisien. Un hommage direct aux origines du Printemps, mais retravaillé pour s’inscrire dans la modernité d’un écrin art déco new-yorkais. L’espace est divisé en dix zones distinctes, agencées de manière fluide pour inviter à la déambulation, comme une promenade entre tradition française et effervescence américaine.
L’intérieur fait la part belle aux textures variées et aux matériaux écoresponsables. On y trouve par exemple des plateaux en plastique recyclé, des sculptures florales en résine végétale et un mobilier pensé pour s’adapter aux contraintes architecturales du bâtiment – notamment l’interdiction d’intervenir directement sur les murs historiques de la Red Room.
Un parcours sensoriel et raffiné
Dès l’entrée, les visiteurs sont plongés dans une atmosphère feutrée qui associe traditions ornementales françaises et innovation américaine. Le Red Room Bar, paré de tons pourpre intense, précède Maison Passerelle, un restaurant gastronomique accessible depuis Broadway. Plus loin, un escalier courbe mène à une zone inspirée des boudoirs parisiens, dédiée à la haute couture et aux cosmétiques.
Les détails y foisonnent : rideaux brodés cachant des salles de soins, panneaux en céramique et métal autour d’un comptoir champagne conçu par l’artiste de Brooklyn William Coggin. Chaque espace est pensé pour provoquer une émotion visuelle tout en respectant les codes du raffinement à la française.
Du prêt-à-porter aux sneakers de luxe
À l’étage supérieur, la magie se poursuit avec la section consacrée à la mode masculine et à l’univers streetwear. Une allée marquée par un plafond bas conduit vers la parfumerie, ornée de carreaux vert émeraude. Plus loin, les clients découvrent un espace prêt-à-porter souligné par des suspensions florales rose tendre. À lire Inspirant, lumineux, ultra-fonctionnel : ce porche est devenu “l’espace à tout faire” rêvé par Sheila Bridges
Le salon principal, quant à lui, évoque les fastes de Versailles avec ses parquets graphiques et ses fresques colorées. En fond de magasin, un bar cru à la parisienne ajoute une touche gastronomique inattendue.
Une fois l’escalator descendu, l’espace maison s’impose comme le cœur design du magasin : sols en marbre, étagères géométriques, café-bar intimiste niché dans un coin discret. Un espace dédié aux sneakers met en valeur des pièces exclusives dans un décor lumineux, avec plafond LED et vitrines-colonnes spécialement conçues pour cette section.
Une vision créative sans frontières
Laura Gonzalez n’aurait pas imaginé ce projet ailleurs qu’à New York. Pour elle, la ville incarne la liberté : une terre d’audace où tout est possible. Cette métamorphose célèbre non seulement l’héritage du Printemps – vitraux, mosaïques, motifs classiques – mais s’ouvre aussi à l’inattendu, au brillant et à l’expérimental. L’architecture devient ici un trait d’union entre deux cultures, un manifeste d’élégance cosmopolite dans une métropole en perpétuelle réinvention.